Cynefin: donner du sens à la complexité

Pierre E. Neis
5 min readJul 24, 2019

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Cynefin a été developpe par D. Snowden et Mary E. Bone et fut sujet d´une publication dans HBR en 2007 sous le titre “A leader´s framework for decision making”.

En janvier 2011, j´ai eu la chance de pouvoir participer au séminaire de Dave Snowden à Francfort (Allemagne) et, bien qu´étant en comité très restreint, cela a changé ma perception des systèmes.

Avant de commencer mon explication, il faut comprendre qu´il existe deux niveaux de perception de ce framework:

  1. un niveau figé où l´on analyse une situation pour la décoder et entamer des actions correctrices.
  2. un niveau dynamique où l´on s´intéresse à la dynamique des systèmes.

Cynefin est un mot gaélique désignant un endroit ayant de multiples appartenances. Dans le contexte de la dynamique des systemes, il s´agit d´opérer une transition de la robustesse vers la résilience.

Le transfer de robustesse vers la résilience:

  • Déduction: le résultat est la conséquence de la vérité comprise dans les hypothèses de départ.
  • Induction: inférer une qualité particulière à partir de plusieurs instances ou cas.
  • Abduction (enlévement):
  • Le saut d´abduction: le résultat est suffisant et, les hypotheses et le resultat sont parmi les explications les plus économiques et / ou cohérentes
  • La logique de l´intuition: des intuitions, mais pas de chance au hasard
    à l’écoute de la nature par instinct et expérience: jeux de métadonnées humaines et de formation
  • Plausibilité est un élément clé parmi une gamme d’options diverses et éventuellement contradictoires pour des expériences safe-to-fail, par opposition à une conception safe-to-fail.

Clefs de langage:

  • un système est n´importe quel réseau ayant de la coherence
  • un agent est tous ce qui interagit dans ledit systeme (individus, groupes, idées, etc…)

3 types de systèmes primaires:

  • les systèmes ordonnés: contraintes des agents, réductionnistes et dirigés par des règles, déterministes, indépendance de l’observateur
  • les systèmes chaotiques: agents sans contrainte et indépendants les uns des autres, étudiés à l’aide de statistiques et de probabilités
  • les systèmes complexes: système légèrement contraignant pour les agents, les agents modifient le système par leur interaction avec lui et entre eux, ils co-évoluent (irréversibilité).

Les aspects de la complexité

Les caractéristiques
- Très sensible aux petits changements
- La proximité et la connectivité des agents ont un impact important
- Le sens émerge de l’interaction
- Ce de la coalescence pas de catégorisation
- Le recul ne mène pas à la prévoyance. Passer d’une conception fail-safe à une expérimentation safe-to-fail

Conséquences
- Utilisation de la cognition distribuée: la sagesse mais pas la folie des foules
- Travailler avec des objets finement granulés: information et organisation
- Désintermédiation: mettre les décideurs en contact direct avec les données brutes

Les modèles de catégorisation

Quadrant 2x2

Les modèles de catégorisation traditionnels utilisent une matrice 2x2. Cette catégorisation est bonne pour une exploitation par des experts mais de peu d´interêt pour le changement.

Le risque est que nous ne pouvons pas observer ou voir les différences avant qu´il ne soit trop tard.

changement de paradigmes du travail

Les modèles de management scientifique et la pensée systémique (Lean) sont des modèles de catégorisation partant du principe que le cadre précède les données. Le modèle “Sense Making” quant à lui part du principe que les données précèdes le cadre.

A partir des trois principes primaires, Snowden a fait évoluer le modèle de trois à cinq éléments:

evolution du modele primaire de categorisation

En jaune du graphique, vous trouvez les systèmes non-ordonnés et en bleus les systèmes ordonnés. Snowden dans sa démarche a ajouté le “désordre” dans son centre afin de pouvoir faire la difference entre système chaotique et désordre.

Le désordre est un système totalement obscur et inconnu quant au système chaotique dispose d´une dynamique très intéressante.

SIMPLE ou EVIDENT

Simple ou Evident

La relation est évidente pour chaque personne dans le système. Ex. “L´alarme sonne, il faut sortir”.

Le modèle décisionnel est : sentir/catégoriser/répondre. Ici, on applique les “meilleures” pratiques (best practices), les standards.

Le test de la bicyclette. La bicyclette est un système simple car si vous la démontée vous pouvez la reconstruire à l´identique.

COMPLIQUÉ

Compliqué

Il y a une relation de cause à effet, mais la relation n´est pas évidente et celle-ci nécessite de l´expertise. Ici, vous devez faire un effort pour maintenir la relation.

Le modèle décisionnel est sentir/analyser/rèpondre. Dans ce systèmes vous employez des bonnes pratiques.

COMPLEXE

Complexe

Dans un système complexe, les relations de cause à effet ne sont évidentes que rétrospectivement car les résultats sont toujours imprédictibles et émergents.

La relation agent-agent modifie constamment le système par des expérimentations “safe-to-fail”.

Le modèle de décision est Sonder/Sentir/Répondre. Il s´agit du domaine de découverte de nouvelles façons d´opérer, de pratiques émergentes, différentes, unique.

Comme métaphore macabre, je parle du test de la grenouille. Une grenouille est le résultat d´une experience complexe. Si on la tue. Elle est morte et on ne peut pas la reconstruire à l´indentique. (Liz Keog).

CHAOS

Chaos

Dans le systeme chaos, il n´y a pas de relation de cause à effet.

Le modèle de décision est Agir/Sentir/Répondre. C´est le domaine de la nouveauté, de l´originalité.

Cependant, il reste encore la dimension relationnelle au sein de ces systèmes qui nous aide à comprendre l´interaction des agents afin de s´assurer dans quel système nous sommes et comment passer de l´un à l´autre.

Modèle relationnel Cynefin

Dans l´illustration ci-dessus, nous voyons deux catégories d´agents: les managers en noir et les opérationnels en gris.

SIMPLE:

  • l´information circule du haut vers le bas
  • celle-ci est “évidente” pour les opérationnels
  • il n´y a pas de néssécité d´interaction entre les parties basses (pointillés)

CHAOS:

  • il n´a aucune interaction entre les parties prenantes du système
  • chacune est découplée

COMPLEXE

  • il n´y a pas nécessité de relation entre les opérationnels et le management
  • le système s´autogère en dynamique de groupe

COMPLIQUÉ

  • tous les agents du système sont reliés
  • cependant le management coordonne les informations de chaque agent qui reste sur leur position unique d´expert.

Si vous souhaitez plus d´information sur la dynamique des systèmes appliqué à l´agilité, je vous invite à lire : https://medium.com/@pierreneis/when-if-agile-is-nothing-more-than-the-dynamic-of-a-system-8c8d02db3de1

Pierre.

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Pierre E. Neis
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Written by Pierre E. Neis

On my business card, I wrote Agile Coach. My Agile coaching is an evolution of systemic coaching putting myself in the system and not as an outstanding observer

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